Cf. article dans La dépêche du Midi
Étape supérieure de la mobilisation, ou illustration de l'extrême tension caractéristique des fins de mouvements ? Une chose est sûre, la journée d'hier a été riche en événements à l'Université de sciences sociales. Dans la matinée, une assemblée générale de 230 personnes, rassemblant des étudiants de droits et de l'Institut d'Études Politiques, a voté le blocage de la fac pour la journée d'aujourd'hui. Cette proposition de blocage, inhabituelle dans un campus réputé très calme, a été approuvée par une centaine de personnes. Présenté par les étudiants mobilisés comme « un moyen de massifier le mouvement et de prendre le temps de discuter avec les étudiants », le blocage ne passe pas auprès du président de l'université de l'Arsenal, Bruno Sire. « Que 91 personnes décident de bloquer une université de 16 000 personnes, c'est tout simplement scandaleux. Je ferai tout ce que je peux pour éviter cela » expliquait-il en début d'après-midi. Il n'aura pas eu à se préoccuper du blocage trop longtemps.
A 15 heures, les alarmes incendies se déclenchent et les vigiles font évacuer l'université : alerte à la bombe. « J'ai reçu un appel anonyme qui me disait qu'il y avait une bombe dans l'université, j'ai donc procédé à l'évacuation de l'établissement pour assurer la sécurité des étudiants et j'ai prévenu la préfecture » précise Bruno Sire.
Pour les bloqueurs, c'est la coïncidence de trop. « C'est une bonne occasion pour l'administration d'éviter l'occupation de la fac, ils veulent casser le mouvement par tous les moyens ! » s'énerve Grégoire Souchay, porte-parole du comité de lutte. Camille, une étudiante gréviste n'a quant à elle aucun doute : « C'est sûr que c'est l'administration qui a déclenché les alarmes et inventé cette histoire d'alerte à la bombe pour vider la fac ». Massés devant les portes closes, de nombreux étudiants en droit étaient satisfaits de cette fermeture. Nicolas, en licence, est de ceux-là : « Si c'est le seul moyen pour éviter le blocage d'une minorité, la présidence a raison d'en profiter pour les mettre dehors ! ». Deux heures après l'appel anonyme, la police n'avait toujours pas fait le déplacement, ce qui avait le don d'étonner les étudiants. « Si il y avait vraiment eu une alerte à la bombe, les forces de l'ordre seraient là depuis longtemps, c'est du pipo ! » s'exclame l'un d'entre eux. Les quelques policiers présents en centre ville ne semblaient pas mieux informés que la préfecture dont les services, de bonne source, n'avaient pas été alertés. Reste à savoir comment, dans ce climat de tension, se déroulera la matinée d'aujourd'hui.